lundi 20 décembre 2010

Dilatation


"C'est un fait disait JUNG qu'on ne peut pas conduire quelqu'un plus loin qu'on a été conduit soi-même. Mais on peut assister ici à un phénomène qui vous paraîtra finalement simple, bien qu'il soit en apparence déroutant et contraire à nos positions et à nos catégories: je peux recevoir beaucoup de quelqu'un qui vient me voir, cet être peut m'enseigner, il peut m'élargir.

Si j'accepte son élargissement, nous nous retrouvons au même niveau et, à ce moment là, une inspiration me viendra du niveau central et, du niveau où nous communions tous les deux, pour pouvoir lui renvoyer la balle . C'est un dialogue et non pas une parole magistrale reçue dans le respect par celui ou celle qui vient nous consulter.

Il y a une dilatation et un approfondissement du centre au centre ( le centre en moi et le centre en l'autre) et les rêves viennent d'ailleurs y aider"

Etienne PERROT
extrait cahier17. 1982

lundi 25 octobre 2010

Relié à un centre


"A partir du moment où je sais que je suis relié à un centre qui me dépasse et dont j'ai appris l'intelligence et la sagesse, j'accepte avec gratitude, avec amour, ce lien. J'accepte de me dépouiller du fardeau, de mes soucis propres, de mes doutes, de mes recherches tâtonnantes du bien et de ce qui est juste, j'épouse ce qui m'est montré, ce qui m'est dit, j'y vais de tout mon cœur, que ce soit joyeux, que ce soit douloureux, je suis , pourrait-on dire, porteur dans cet acte, de toute l'énergie de l'univers puisque cette énergie qui m'anime vient du centre de moi au delà de moi, qui est comme le centre du monde. Je suis doté ainsi de la liberté qui est celle de l'unité et qui est celle du Tout. Le Tout, l'univers dans sa réalité, est libre, puisqu'il n'est limité que par lui-même. Eh bien j'épouse sa liberté. On a donc le sentiment d'une totale dépendance, qui apparaît concrètement comme une totale liberté et c'est encore, une de ces rencontres des contraires dont est faite cette œuvre intérieure."
Etienne PERROT
extrait cahier 21, 1983

mardi 7 septembre 2010

VISION


"Nous avons une vision qui est la vision morcelée de l'individu. C'est un héritage occidental. On nous a appris que nous sommes limités, faibles, ignorants, que l'abîme de l'être, s'il existe, est insondable et inaccessible.
L'image que je vous ai développée tout à l'heure , à la radio, ce dynamisme que je vous ai montré et, j'espère, transmis, suggèrent une autre attitude vitale qui n'est pas nouvelle et qui est celle d'une grande partie de l'humanité, c'est notamment celle de l'Inde traditionnelle.
La vie est d'essence divine; notre réalité est éternelle, immortelle, et notre vision individuelle limitée est une manière de regarder par le gros bout de la lorgnette, de regarder à l'envers.

Cette vision que je vous ai proposée de la fontaine de pierre nous aide à nous placer, par la foi, par une foi éprouvée qui est d'abord une simple hypothèse de travail, mais qui se révèle vite, féconde, au niveau de cette source transpersonnelle qui est en nous. Alors il n'y a plus de problèmes , parce que cette source est située au-delà des problèmes et de la dialectique, de la durée limitée.

Je ne suis pas omniscient, je ne suis pas infaillible, mais il y a au fond de moi une omniscience et une infaillibilité, je sais que cette réalité est là, je ne la connais pas clairement, mais elle se connaît et elle me connaît, et je sais que l'attitude vraie , ma vérité, c'est de la laisser s'exprimer en moi et de me montrer ce qu'elle veut me montrer pour que je la connaisse, pour que j'aime et pour que j'agisse."

Etienne PERROT
extrait cahier 18

vendredi 28 mai 2010

Mythologie

Apollon et Daphné par N.POUSSIN

Q
: Est ce que la mythologie vient dans les rêves ?
E.P:
Évidemment. Prenons l'opposition la plus classique, celle faite par Nietzsche, entre Apollon, le dieu solaire, le principe lumineux, associé grosso modo au Christ, et Dionysos, le dieu de la bacchanale, le dieu du vin, etc...opposé à la rigueur et au hiératisme chrétien. Eh bien, il existe un type de rêve extrêmement fréquent : on pourrait l'appeler" la bacchanale dans l'église". L'église, ce lieu de silence, silence plus ou moins fécond, où l'ennui, la convention et l'angoisse sont désormais plus présents que la ferveur authentique, le bouillonnement et la chaleur de l'âme, l'église devient un lieu d'orgie. Je constate que de tels rêves viennent souvent chez les personnes qui sont liées à la pratique religieuse. Ces rêves ont, chez elles, un effet libérateur. Au contraire qi aura une vie trop libre sur ce plan se verra ramené à l'austérité. Je connais une personne qui est très portée vers la vie des instincts, qui rêve périodiquement qu'elle se retrouve au couvent et qu'on lui impose une règle rigoureuse, après quoi on la renvoie, bien sûr vers un autre mode de vie".
Etienne PERROT
extrait cahier 20, 1982

lundi 17 mai 2010

Bestiaire


"les figues du sexe opposé viennent sous des aspects extrêmement variés.
Un homme peut rêver de chat, de chattes, ce sont des figures privilégiées de la sensibilité et de la sensualité féminines, naturellement de fauves aussi, de panthères, de jaguars, de tigresses, de biches. La femme peut prendre toutes les formes depuis la sorcière, la prostituée, jusqu'à la fée, , l'inspiratrice, l'ange. Ces figures ne sont pas exclusives les unes des autres. Tout cela vient dans les rêves de manière à fournir à l'homme une vision extrêmement ample, complète, contrastée, du principe féminin.

Quand à l'homme pour la femme, il est d'abord le lion superbe et généreux, n'est-ce pas ?
Il est aussi le cheval, le chien. Le chien apparaît souvent dans les rêves des femmes, comme l'instinct, l'instinct sexuel brut; un chien tantôt agressif, tantôt fidèle qui vient lécher les mains: c'est alors le gardien et le protecteur.

Et puis il y a toute la variété des bêtes non domestiques, depuis l'éléphant, le tigre et le crocodile jusqu'au rat. Les poissons sont également des symboles, non seulement des productions de la profondeur inconsciente, mais aussi de l'instinct sexuel et du sexe mâle, à cause de la forme phallique.
Le serpent, symbole phallique par excellence, est aussi, au-delà de cela, un symbole de la libre énergie que les hindous ont divinisée dans la déesse de feu Kundalini qui monte dans le corps de l'homme le long de la colonne vertébrale, pour conduire le yogui à l'illumination"

Etienne PERROT
extrait cahier 21 1983

lundi 5 avril 2010

La vie à deux



"Tous les éléments d'un rêve doivent être considérés comme des parties de nous-même.

Si je rêve de la bien-aimée, elle est d'abord en moi. J'ai à accueillir cette image, cultiver cette image, à l'honorer et ensuite je verrai, et ce n'est pas toujours facile à déterminer, si je dois aller extérieurement vers elle et nouer ou intensifier une relation avec elle.

Les rêves nous livrent dans ce domaine des indications extrèmement diverses qui font qu'un amour n'est pas une union banale, vouée à la détérioration qu'entraîne fatalement l'habitude, mais une source de rectifications, de réajustements constants. C'est donc un renouvellement constant, car ma partenaire extérieure est là d'abord, pour enrichir mon monde intérieur, mais elle est là aussi en tant qu'être individuel qui a ses droits, qui a son destin et que je ne peux pas envahir et accaparer.

Naturellement, l'entreprise sera plus féconde si elle-même suit ce chemin d'exploration intérieure et qu'elle peut m'apporter les songes où mon image apparaît, où tantôt elle se rapproche de moi, tantôt elle s'écarte de moi, et peut-être pas toujours en synchronisme avec mes propres réactions.
Il y a là une éducation de l'un par l'autre qui fait que la vie à deux est en même temps et d'abord un enrichissement et un affinement personnel."

Etienne PERROT
extrait cahier21, 1983

vendredi 2 avril 2010

résurrection


Que signifie RESURRECTION?

"C'est pour nous contenter de généralités, une vie plus large, une vie menée à partir d'une lumière nouvelle née au sein de la mort, lumière que figurent dans les initiations le troisième œil et, chez les égyptiens, Horus, le faucon, l'oiseau solaire. Cette vie se déroule à partir d'indication venant plus loin que la raison limitée et les désirs individuels. C'est la vie d'inspiration, la docilité à ce que Jung appelle le SOI et les alchimistes , LA PIERRE."

Etienne PERROT
extrait cahier 17, 1982

vendredi 26 février 2010

Collectivité


"Les êtres qui ont accepté de devenir des enfants de la pierre sont aussi des sources de fécondité, des sources de certitude, d'alimentation pour une société où les valeurs sont définitivement occultées, mêlées, ou l'on ne discerne plus le haut et le bas, le légitime et l'illégitime. Les enfants de la pierre, recueillant dans leurs cœurs un aliment d'immortalité qui est cette conscience centrale, cette conscience d'amour, participent à l'élaboration d'une nourriture pour la collectivité".

Etienne PERROT
extrait cahier 22, 1983

jeudi 18 février 2010

La souffrance et la joie


" Seule la souffrance nous pousse, nous oblige à la remise en question. Elle nous "humanise" et nous rend simples, vrais, chaleureux. C'est le moment propice pour que l'imagination naisse : le besoin de communiquer tout ce qui se passe en nous, les doutes, les inquiétudes, les progrès, et les reculs, le froid et la chaleur, la tendresse ou la rage de la révolte, l'espoir ou le désespoir. Tout, tout se met en mouvement si nous laissons ce sentiment circuler librement : comme un fleuve tumultueux, comme le vent qui hurle ou le couteau qui déchire, d'abord. Mais peu à peu les eaux se calment, le vent s'apaise et la blessure se cicatrise. Et la musique intérieure coule sans obstacle, en toute liberté.

La joie, par contre, ne se pose pas de questions. Elle est là, elle se suffit à elle-même. Elle rit, elle s'exalte, elle s'épanouit et ronronne. Pourquoi se remettrait-elle en question? Non, non, surtout pas! Qu'elle demeure, qu'elle ne me quitte jamais !"

Etienne PERROT
extrait cahier 24, 1983

vendredi 29 janvier 2010

Risque


-Comment osez-vous parler de ces choses, dont les auteurs et les maîtres disent qu'il faut garder le silence dessus ?
E.P. Justement, j'ai pris le risque et je le prends encore ce soir, et le risque de la contradiction( qui est la bienvenue, d'ailleurs, et je vous en remercie). Ceux qui me connaissent savent que je n'ai pas peur des risques et que ce que l'on me reproche, c'est peut-être de trop plonger dans le risque , de trop accepter le risque, c'est mon imprudence plutôt que ma prudence. Je vous ai montré comment l'imprudence peut conduire à des expériences périlleuses mais qui sont fécondes finalement, comment suivant le Yi King ," on est enrichi par des expériences malheureuses".

E.PERROT
extrait cahier 19, 1982