lundi 17 novembre 2008

TELEPATHIE


"Q. Je voudrais savoir les rapports entre le rêve et la télépathie, mais dans un sens assez large. Principalement la télépathie serait la volonté de diriger quelque chose sur quelqu'un dans un but. La question que je pose, en fait, c'est si ce but est le même but suivi par le courant interne qui n'aurait pas le même aspect volontariste et si on n'arrive pas à une sorte de télépathie, mais non volontariste.


E.P. Oui, c'est une communication naturelle, une mise en phase, mais qui n'est pas déterminée par l'individu. C'est une expérience très courante. Il m'arrive chaque semaine, et je ne suis pas le seul , de penser à quelqu'un :" Tiens, je n'ai pas de nouvelles de cette personne !" et le lendemain je reçois une lettre. Je n'ai pas déterminé le phénomène; je l'ai induit intérieurement; ce n'est pas ma volonté qui a décidé cette personne à m'écrire, mais un lien intérieur nous unit forcément, lien affectif, professionnel ou autre( dans notre travail nous ne pouvons aider que par une relation affective). A ce moment-là, une force profonde s'est trouvée activée en même temps chez l'un comme chez l'autre. On pourrait dire, en termes psychologiques plus rigoureux, que l'inconscient, qui est transpersonnel, qui est une espèce de bain d'énergie dans lequel trempent les individus et d'où émerge la conscience individuelle cet inconscient s'est trouvé activé en même temps chez l'un comme chez l'autre et a fait qu'une correspondance en forme de souvenir ou d'affect a éclos, chez moi qui attendais les nouvelles de cette personne et chez elle qui m'a écrit cette lettre. Le terme de "mise en phase" me paraît assez heureux dans ce domaine. Si l'on est placé sur une même longueur d'onde, ça résonne, effectivement, d'une façon synchrone."


Etienne PERROT

extrait cahier 17, 1982

dimanche 2 novembre 2008

LA NATURE


"Je voudrais vous citer une parole de JUNG dans ses souvenirs posthumes. Il dit :" Je ne suis pas de ceux qui croient qu'ils doivent veiller à ce que les cerises aient des queues". Il ajoute : " Je suis là contemplant ce dont la nature est capable". Vous mesurez , je pense, l'énormité d'une pareille affirmation dans notre siècle de techniques : cete foi dans la vie, cette foi dans la puissance de la nature, dans sa sagesse, dans son intelligence et dans le sens qu'elle poursuit à travers nous. Il est bien évident que si, avant de se lancer dans de grandes planifications, on se mettait un peu à l'écoute des besoins profonds d'une collectivité, des possibilités qui sont les siennes et qui correspondent à son désir intense et foncier, au lieu de se fixer des objectifs vers lesquels on tend et on veut faire tendre les membres de la collectivité les choses iraient sans doute mieux et, en tout cas, pas plus mal. C'est là ce que JUNG a défini comme attitude de "laisser advenir"". Nous retrouvons ici la grande intuition de ces opérateurs mystérieux qu'étaient les alchimistes. Ils avaient des maximes comme celle-ci: "La nature est la maîtresse, l'artiste est son serviteur", ou encore : "Toute l'oeuvre est de suivre la nature" . "

Etienne PERROT
extrait cahier 17, 1982